Ce lundi 27 mai, nous étions conviés à une dégustation hors normes : celle des sakés sélectionnés pour le concours Kura Master, dont c’était la 3e édition cette année. Kura Master, c’est l’événement de tous les superlatifs. Imaginez seulement : 760 sakés en dégustation, 102 jurys réunis près de 4 heures afin d’élire ensemble la crème de la crème du fameux alcool nippon.
Le saké, un pont entre deux cultures
Le but avoué : faire découvrir le saké aux consommateurs français, déjà. Et faire entendre une bonne fois pour toute que non, le nihonshu (comme on l’appelle là-bas), ce n’est pas ce distillat de riz à fort titrage en alcool que l’on trouve servi dans certains restaurants « japonisants » – généralement du Mei Kuei Lu, une boisson chinoise. D’après Séverine Gendre, consultante en viticulture et membre du jury, « c’est aux professionnels de faire comprendre comment on consomme les sakés – c’est-à-dire comme un vin. »
Par pour rien que le jury du concours est essentiellement composé de sommeliers (ils étaient 72 cette année), ainsi que de chefs et de restaurateurs français.
Autre but de Kura Master : participer au renouveau du saké au Japon. On le sait, sur l’archipel, la consommation de nishonshu a drastiquement chuté ces dernières décennies – près de -30% entre 2004 et 2014. Alors, pour raviver les ventes, les producteurs n’hésitent pas à faire assurer leur promotion… depuis l’étranger ! Et plus particulièrement depuis la France, qui revêt encore de nos jours un caractère d’excellence pour les Japonais – pays de la bonne chère oblige. D’après M. Kataoka, Directeur général du JETRO (l’Organisation Japonaise du Commerce Extérieur) sur l’Hexagone, « les Français arrivent à découvrir les trésors cachés de l’archipel, et à éveiller l’intérêt des Japonais eux-mêmes. C’est pourquoi on assiste au Japon à une explosion de la demande pour les sakés primés par le concours Kura Master. »
À la recherche de l’accord parfait
Comme chaque année, l’accent était mis sur les accords mets et alcool. Si 2018 était consacrée aux fromages, 2019 était, elle, dédiée aux accords avec la charcuterie française. La FICT (Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes) était d’ailleurs présente. D’après Claire Geroudet, Chargée de mission animation et promotion des exportations, « la consommation de viande est en augmentation en Asie. Pour accompagner le mouvement, nous cherchons à développer les accords saké et charcuterie en nous concentrant sur l’umami, la 5e saveur. L’actuel chef du Crillon serait d’ailleurs en train d’y travailler. »
Et parce que la pratique est aussi importante que la théorie, les convives étaient invités à déguster des plats préparés par plusieurs chefs. On a pu retrouver avec plaisir Hikaru Tateoke du restaurant Okuda, Koji Higaki de L’inconnu, Eric Trochon du Semilla, ainsi que Mme Hisada, directrice de la fameuse fromagerie éponyme – l’occasion idéale de travailler sur les fameux accords mets et sakés. Et avec les quelques centaines de bouteilles mises à disposition, les convives avaient fort à faire ! En tout cas, ils ne se sont pas fait prier, et au fur et à mesure de la rencontre, l’atmosphère se faisait de plus en plus légère – légère comme les bulles des « sparkling saké », la tendance du moment.
Verdict à suivre !
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© Jess Grinneiser -
M. Kataoka, Directeur général du JETRO (Organisation Japonaise du Commerce Extérieur) en France. © Jess Grinneiser