
France Sushi : Qu’est-ce qui vous a amené à organiser cet événement à Paris aujourd’hui ?
Gakuto Kondō : Pour moi, les personnes créant des objets d’artisanat japonais sont vraiment incroyables. Leur application, leur émotion, leur engagement dans la protection d’une culture ancestrale… Tout cela m’a donné envie de les emmener au-delà des frontières du Japon pour en partager la culture à l’international. Ces événements sont l’occasion de diffuser leurs techniques et leurs façons de voir le monde. L’opportunité d’en organiser un à Paris s’est présentée, et je l’ai saisie.


Comment vous êtes-vous intéressé à l’artisanat ?
Gakuto Kondō : Quand je faisais encore du foot, j’avais toujours de nouveaux rêves et aspirations, comme participer à la Coupe du monde, entrer dans l’équipe du Japon, gagner plus d’argent… Mais dès que j’ai pris ma retraite en 2018, mes rêves et aspirations se sont envolés en même temps. Je me suis dit, au départ, qu’à part le foot, je n’avais rien. Alors que je cherchais ce que je pourrais bien faire ensuite, un céramiste m’a offert un bol pour célébrer ma retraite et me souhaiter bonne chance dans ce nouveau chapitre de ma vie. J’ai commencé à prendre mes repas avec et j’ai trouvé ça formidable ! C’était la première fois que j’utilisais ce genre d’objet. Ça m’a tellement touché que j’ai eu envie de rencontrer le céramiste qui l’avait fabriqué – ce que j’ai fait. Je l’ai écouté me raconter son histoire, je l’ai observé pendant qu’il travaillait, et j’ai réalisé qu’en tant que professionnels de nos champs respectifs, nous étions très similaires. Sa façon d’aborder la création m’a séduit. Puis j’ai trouvé injuste que les athlètes japonais soient autant mis sur le devant de la scène et gagnent autant d’argent, alors que des artisan·es aussi expert·es d’un art dans lequel sont mises autant d’émotions ne bénéficient pas de plus de reconnaissance. Le souci, c’est que les artisan·es ne savent pas toujours bien comment se créer une image de marque et la diffuser sur les réseaux sociaux, mais moi, en tant qu’ancien joueur de foot, c’est quelque chose qui me plaît, et j’avais vraiment envie de faire mieux connaître leur art un peu partout. Tout d’abord, je me suis dit que les personnes qui aiment la céramique, par exemple, participent déjà à des événements autour de céramistes. L’important est donc de toucher celles qui ne connaissent pas l’artisanat et qui n’ont jamais utilisé ce genre d’objets. Alors j’ai commencé par organiser des événements à Kōbe, avec des antennes à travers le Japon, rassemblant des artisan·es de domaines variés, comme la céramique, le bois, les plantes ou l’habillement. Si j’ai lancé cette opération, c’est pour y faire venir des personnes aux sensibilités différentes : celles qui aiment les plantes découvriraient la céramique, celles qui aiment les vêtements découvriraient les plantes, etc.

Réalisez-vous quelques créations vous-mêmes ?
Gakuto Kondō : Bien sûr ! Lorsque je suis allé à la rencontre de ce premier céramiste, j’y suis ensuite retourné régulièrement pour mettre la main à la pâte. Il m’a même demandé si je ne voudrais pas organiser une exposition de mes objets. Mais plus j’en fabriquais, plus je me rendais compte du caractère exceptionnel du travail des pros et du fait que je ne pouvais pas décemment vendre mes médiocres objets. De là, j’ai pensé que je serais bien meilleur dans les coulisses, du côté de celles et ceux qui font connaître les créations des professionnel·les – et j’ai quasiment arrêté de fabriquer des choses moi-même. Mais quand je rencontre un·e artisan·e, je me prête systématiquement à l’exercice. Je l’ai fait dans une menuiserie, une cuivrerie, une verrerie… Car si on n’en fait pas l’expérience, on ne peut pas saisir à quel point ce travail est formidable.







