On peut légitimement se poser la question lorsqu’on parcourt, à Grenade, les allées du jardin de l’Alhambra ponctuées à hauteur de regard de 1001 disques solaires. En se rapprochant des arbres qui les portent, on ne tarde pas à en découvrir l’origine. Les mini soleils odorants ne sont autres que des daïdaï, fruits du bigaradier ou citrus aurantium, variété mère de tous les agrumes née sur les pentes de l’Himalaya il y a plusieurs millénaires.

C’est au dixième siècle que les arabes en ramènent les premiers spécimens. Les essais de culture et de croisement donnent alors naissance à l’orange amère que l’on connaît aujourd’hui. Le citrus aurantium se développe d’abord en Syrie, puis au Sud de l’Europe. En Sicile, mais également et surtout à Grenade où les agronomes arabes l’utilisent comme plante décorative, odorante et médicinale.

Si l’histoire arabo-européenne du bigaradier est relativement connue, sa genèse asiatique est parfaitement ignorée. C’est en effet dès le septième siècle que les moines de Nara (ancienne capitale impériale du Japon) ramènent de l’Himalaya – via la Chine – les premiers pieds de daïdaï. Aussitôt apprécié par la famille impériale et sa cour, le bigaradier ne tarde pas à se développer sur tout l’archipel. Aujourd’hui encore, le daïdaï est cultivé pour l’écorce de ses fruits (cuisine et médecine) mais également pour la vigueur de son pied utilisé comme porte-greffe pour nombre d’agrumes japonais.

A noter que les fruits persistent sur l’arbre même après avoir passé l’hiver parfois même jusqu’à l’été suivant. Ils perdent alors leur couleur orangée et redeviennent verts. Considérés comme un symbole de prospérité, ils sont utilisés pour la décoration des maisons et des temples pendant les fêtes de la nouvelle année (Shôgatsu).

Laurent Feneau

Photo Crédit Anne Jeandet Feneau

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