Yui Tsujimura : une approche brute et instinctive

Né en 1975, Yui Tsujimura développe une esthétique profondément marquée par la force du feu et la spontanéité du processus de cuisson. Inspiré par les céramiques médiévales japonaises, notamment la poterie Sue, ainsi que par les styles Shinoyaki, Iga-yaki et Kuro Raku, il cherche à traduire l’empreinte du temps et de la nature dans chacune de ses créations.

Son travail se caractérise par une grande liberté formelle, avec des volumes irréguliers et des surfaces riches en textures. Il privilégie des glaçures aux effets organiques, souvent obtenues par des cuissons prolongées en four Anagama, une technique exigeante où les variations de température et l’action des cendres jouent un rôle central. À travers cette méthode, il cherche à laisser le feu s’exprimer pleinement, en intégrant l’aléatoire dans son processus créatif.

Loin des finitions lisses et contrôlées, ses pièces semblent issues d’une transformation brute de la matière, mettant en valeur des surfaces rugueuses, parfois marquées par des coulées de cendres vitrifiées ou des éclats naturels dus aux chocs thermiques. Son approche rappelle l’esthétique du wabi-sabi, qui célèbre l’imperfection et le passage du temps, en opposition à toute recherche de perfection formelle.

Son univers artistique s’inscrit dans la tradition des céramiques de thé, tout en y apportant une dimension plus expressive et contemporaine. Chaque bol, vase ou plat réalisé par Yui Tsujimura semble ainsi porter l’empreinte d’un processus naturel, où la terre, le feu et l’air interagissent pour donner naissance à des œuvres uniques, ancrées dans la mémoire des anciennes techniques japonaises.

Kai Tsujimura : l’élégance sobre et minimaliste

Né en 1976, Kai Tsujimura se distingue par une approche plus épurée et maîtrisée de la céramique. Inspiré par les traditions Ido-yaki, Shino-yaki, Karatsu-yaki et Shigaraki-yaki, il privilégie les formes équilibrées et les textures douces, où chaque détail est pensé pour créer un sentiment d’harmonie et de sérénité.

Contrairement à l’expressivité brute de son frère Yui, Kai adopte un langage plus contrôlé, où la subtilité du geste et la précision des proportions sont au cœur de sa démarche. Il travaille principalement des argiles locales qu’il sublime par des glaçures naturelles, appliquées en couches fines pour préserver l’authenticité du matériau.

Sa technique de cuisson repose également sur le feu de bois, mais avec une attention particulière portée à la régularité des températures et aux effets de réduction. Il utilise notamment le procédé du Hikidashi-guro, qui consiste à retirer les pièces du four encore incandescentes pour créer des contrastes marqués entre zones carbonisées et surfaces satinées. Cette approche confère à ses œuvres une profondeur visuelle unique, jouant sur les variations de lumière et de matière.

Ses pièces, souvent destinées à un usage quotidien, reflètent une esthétique inspirée du Chanoyu, la cérémonie du thé japonaise, où chaque objet doit allier fonctionnalité et beauté discrète. Sa recherche de pureté et de minimalisme s’inscrit dans la lignée des grands céramistes japonais qui ont su transformer l’objet utilitaire en une œuvre d’art à part entière.

Shirō Tsujimura : un maître iconoclaste et autodidacte

Né en 1947, Shirō Tsujimura est l’une des figures les plus influentes de la céramique japonaise contemporaine. Contrairement à ses fils, il n’a pas suivi d’enseignement formel et a développé son propre style en autodidacte, après avoir été profondément marqué par la découverte d’un bol à thé Ido au Musée Mingeikan de Tokyo.

Initialement peintre, il s’oriente vers la poterie avec une approche expérimentale et instinctive, loin des dogmes académiques. Inspiré par l’esthétique Momoyama et les traditions coréennes, il explore divers styles, du Shino-yaki au Kohiki, en passant par le Raku et le Karatsu-yaki. Son travail se caractérise par une spontanéité assumée, où chaque pièce semble capturer un moment précis du dialogue entre la terre et le feu.

Son atelier, niché dans les montagnes de Nara, est un véritable laboratoire de recherche où il travaille sans maître ni apprenti, se laissant guider par son intuition et son rapport intime avec l’argile locale. Son approche du processus de cuisson est unique, intégrant le hasard et les variations naturelles comme des éléments constitutifs de l’œuvre finale.

Ses pièces sont souvent puissantes et expressives, jouant sur des contrastes marqués entre surfaces polies et textures rugueuses, avec des formes inspirées des objets rituels et des ustensiles de thé anciens. Son influence sur ses fils est indéniable, bien que chacun ait développé une vision propre de la céramique, allant de l’expression brute de Yui à l’épure de Kai.

Informations pratiques

📍 Lieu : Galerie Guilhem, 8 rue du Général Guilhem, 75011 Paris
📅 Dates : Du jeudi 24 au dimanche 27 avril 2025
Horaires : 11h – 20h
🎟 Vernissage : Vendredi 25 avril à partir de 17h

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